Immersion dans le monde de l’édition avec Cassandra Patte
Cassandra Patte n’est pas que conseillère en agronomie à la chambre d’agriculture de l’Indre, elle est également auteure. Après une saga fantastique, elle signe le second volume d’un polar qui se situe dans la Rocheuses canadiennes, qu’elle a édité par ses propres moyens.
Cassandra Patte n’est pas que conseillère en agronomie à la chambre d’agriculture de l’Indre, elle est également auteure. Après une saga fantastique, elle signe le second volume d’un polar qui se situe dans la Rocheuses canadiennes, qu’elle a édité par ses propres moyens.
Dès son adolescence, Cassandra Patte prend la plume pour le plaisir, en inventant des petites fictions. Très vite, elle couche sur papier les premiers passages de ce qui deviendra quelques années plus tard Les Chroniques de Dreamword. « J’avais 16 ans, j’étais au lycée et je gardais ces écrits pour moi », confie-t-elle. Puis, elle reprend l’écriture à la faculté, passant ses heures de transports en commun à réécrire ce que qu’elle avait débuté précédemment et à étoffer l’histoire. « A la fac, une fille m’a particulièrement motivée. Elle lisait les parties que j’écrivais, me forçant ainsi à rédiger les chapitres dans le bon ordre et en étant toujours demandeuse de lire la suite. Le fait qu’elle connaisse chaque avancée de l’histoire a été un grand pas pour moi, mes écrits n’étant plus confidentiels », poursuit Cassandra Patte. De fil en aiguille, Les Chroniques de Dreamwold ont pris corps, se sont muées « en deux volumes assez conséquents », concède-t-elle.
DU FANTASTIQUE AU POLAR
En 2017, alors en faculté d’agronomie, elle part en stage cinq mois dans les Rocheuses canadiennes. « J’aidais aux relevés de caméras implantées dans le parc national proche de Banff, on y étudiait la faune sauvage. Je suivais également la population de grizzlys, équipée d’émetteurs qu’on pouvait localisés à l’aide d’une antenne GPS », explique Cassandra Patte. C’est cette immersion canadienne qui lui a inspiré ses nouveaux livres. Adieu le monde fantastique de l’adolescence, la voilà partie pour écrire un polar. « Cela demande une certaine discipline. C’est bien plus rigoureux que le fantastique. Pour un polar, il faut déterminer d’entrée de jeu qui sera le coupable, pourquoi ce crime, son process…. Puis, il faut réfléchir aux indices que l’on veut distiller au fil du roman, tout en brouillant un peu les pistes », développe-t-elle. Pour mettre ses idées au clair, voir quel fil tirer à quel moment, elle note tout dans un précieux calepin qui ne la quitte jamais. Pour son roman Le pays des ours, elle avait décidé que son personnage principal, Ester Laroche, « serait mon total opposé. J’avais donc listé mes traits de caractère et en face, listé leurs contraires. Le personnage d’Esther était quelqu’un de détestable. N’arrivant pas à écrire, j’ai décidé d’arrondir les angles en y remettant un peu de moi dedans. De là tout s’est débloqué », confie l’auteure. Elle rédige son polar en plein confinement, sans avoir en tête de faire une suite. En 2021, elle retourne en Alberta au Canada et le déclic se fait : il y aura bien une nouvelle aventure d’Ester Laroche. « Bien sûr je fais des recherches, mais je m’inspire beaucoup de ce que j’ai vécu làbas », raconte-t-elle. Petite exclusivité : le troisième volume est en cours de conception et un couple de Berrichons débarquera dans les Rocheuses canadiennes !
FINANCEMENT PARTICIPATIF
Encore en fac d’agronomie, elle soumet son manuscrit à une maison d’édition et en parallèle, se renseigne sur l’auto-édition. Mais « les démarches auprès des maisons d’édition sont un parcours long et laborieux et pour l’auto-édition, la liberté a un prix », estime Cassandra Patte. Elle décide donc de créer une cagnotte participative en 2018, évaluant à 2 200 euros le prix des premières impressions. « J’ai récolté 2 300 euros. Cette somme s’est avérée finalement être un budget assez serré car je ne m’étais pas rendu compte des frais tels ceux de l’illustrateur de la couverture, l’impression ellemême ou encore la licence du logiciel de correction », rapporte l’auteure. Pour l’anecdote, le correcteur automatique a ajouté des coquilles en échangeant des mots à la place d’autres, par exemple rez-de-chaussée était devenu « rée de chausser », des coquilles qu’elle n’a vues qu’une fois les premiers livres dans les mains des lecteurs… « Je gérais aussi la mise en page, non sans mal... En passant par Amazon pour l’impression du premier tome des Chroniques de Dreamwold, les formats de la plateforme étant des formats américains, tout était décalé dans la version print, avec des annotations en plein milieu des pages. Bref, des erreurs qui ont été corrigées en cours de route, mais certains volumes sont collectors ! », lancet-elle en souriant.
S’ENTOURER DE PROFESSIONNELS
Consciente qu’elle ne peut pas tout faire, elle fait désormais appel à un correcteur professionnel ainsi qu’à une metteuse en page indépendante. Pour la réédition des Chroniques de Dreamword, elle a pris le parti de quatre tomes de petits volumes « plutôt que les deux gros pavés de départ ». Les couvertures sont réalisées par un illustrateur professionnel. Le monde de l’auto-édition l’empêche d’être diffusée en librairie « car les coûts de fabrication et d’envois sont trop onéreux », admet Cassandra Patte. Mais cela lui laisse la possibilité de tout gérer et de rester très proche de ses lecteurs, ce qu’elle apprécie particulièrement.