VENTE DIRECTE
Quand les champs s’habillent de pourpre : récolte du safran chez Isabelle Lorre
Installée à Baraize, Isabelle Lorre cultive le safran depuis treize ans. Dans son laboratoire, elle l’incorpore dans les produits qu’elle confectionne et commercialise. Début novembre, les dernières fleurs pourpres éclosent sur ses parcelles - ce sont les derniers jours de récolte pour le précieux safran.
Installée à Baraize, Isabelle Lorre cultive le safran depuis treize ans. Dans son laboratoire, elle l’incorpore dans les produits qu’elle confectionne et commercialise. Début novembre, les dernières fleurs pourpres éclosent sur ses parcelles - ce sont les derniers jours de récolte pour le précieux safran.
Pendant cinq semaines, en tre fin septembre et début novembre, les parcelles d’Isabelle Lorre se parent d’une couleur inattendue : au cours de la nuit, une teinte pourpre surgit de la terre. Ce spectacle automnal marque la floraison de Crocus sativus L., plus connu sous le nom de safran. À Baraize, cette agricultrice maîtrise de bout en bout cette culture exigeante, qu’elle transforme et commercialise en direct.
UNE RÉCOLTE À LA MAIN : PATIENCE ET PRÉCISION
La récolte du safran est un art où chaque geste compte. Les bulbes, plantés en été avant la mi août, livrent leurs premières f leurs à l’automne. Ils produiront pendant trois à cinq ans. Les fleurs doivent être cueillies à la main dès leur éclosion. « La fleur sort pendant la nuit, et dans la journée du lendemain, le safran doit être ramassé, extrait et séché pour ne rien perdre de sa qualité », précise Isabelle Lorre.
Le travail est long et minutieux : chaque fleur est délicatement cueillie et ses pétales détachés pour ne garder que le pistil – les fameux trois filaments rouges, qui forment le safran. Une fois séchés, les filaments perdront 75 % de leur poids, ce qui rend chaque gramme de safran si précieux. Chaque année, Isabelle Lorre récolte seulement quelques centaines de grammes de ce fameux or rouge.
UN RETOUR AUX RACINES POUR ISABELLE LORRE
Après une carrière en usine à Clermont-Ferrand, Isabelle Lorre a choisi de revenir dans l’Indre, sa terre d’origine. Elle « s’est fait la main » sur sa première safranière dès 2011 avant de s’installer comme agricultrice en 2017. Aujourd’hui, elle a quatre safranières pour une surface de près de 2 500 m².
En plus du safran, elle cultive une grande diversité de fruits, légumes et plantes aromatiques qui alimentent les créations artisanales qu’elle confectionne dans son laboratoire : confitures, pestos, pâtisseries, sirops, jus, potages et autres délices qui ravissent les papilles de ses clients. Bien que son mode de production le lui permettrait, Isabelle Lorre a fait le choix de ne pas labelliser son exploitation en agriculture biologique : « Il n’y a pas assez de débouchés pour le bio, et aujourd’hui, je ne pourrais pas augmenter mes prix », explique-t-elle.
AUTHENTICITÉ ET SAVOIR-FAIRE : UNE HISTOIRE À RACONTER
Isabelle Lorre maîtrise ses pro duits de A à Z : elle fait tout elle même, de la culture à la vente en passant par la transformation. « C’est beaucoup de travail, mais c’est plus facile pour parler de mes produits », souligne-t-elle. Dans son magasin à la ferme, à deux pas de la plage de Baraize, elle accueille les clients sans horaires fixes : « Il n’y a pas d’horaire au magasin, ce serait trop contraignant », indique-t-elle, « les clients s’arrêtent devant et téléphonent pour que je leur ouvre ». Pendant la période estivale, elle participe au marché d’Éguzon les mercredis et le reste de l’année à divers marchés de producteurs et aux marchés de Noël.
Isabelle Lorre commercialise également dans quelques magasins de producteurs, mais elle préfère le contact avec le client. Face au public, elle prend le temps d’expli quer son métier, le travail méti culeux que représente la culture du safran et le soin apporté à chaque étape de la confection de ses produits. « Souvent, les gens me demandent “d’où vient le safran ?”, eh bien d’ici, dans le Berry », raconte-t-elle avec le sourire. Elle partage aussi ses conseils d’utilisation, car le safran reste une épice méconnue pour beaucoup : « Quelques filaments suffisent à donner du goût à un plat, comme des courgettes ou un rôti de porc », affirme-t-elle.