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Agriculture de conservation des sols : "La terre nous le rend bien"

En modifiant son rapport avec la terre, Jacques Charlot n'a trouvé que des avantages mais aucune science exacte. C'est de ses erreurs qu'il tire chaque jour de quoi faire avancer ses méthodes de travail.

Jacques Charlot constate que, couplée à une absence de travail du sol et à un allongement de ses rotations, la présence permanente de végétation est très bénéfique.

L a couverture permanente des sols constitue un des trois piliers de l'agriculture de régénération des sols. « On remplace le métal par le végétal. On laisse les racines faire le travail », illustre Jacques Charlot. L'agriculteur de Mûrs, qui a totalement revu ses pratiques culturales depuis une vingtaine d'années pour remettre de la vie dans ses sols, est toujours étonné des résultats : « la terre nous le rend bien ».

 

Il constate ainsi que, couplée à une absence de travail du sol et à un allongement de ses rotations, la présence permanente de végétation est très bénéfique : « on crée de la biomasse, on augmente l'humus, les racines ont une action structurante positive, les sols sont vivants, on a moins de lessivage… on enrichit notre sol ».

 

Des économies d'intrants

Le sol, la branche sur laquelle il estime que l'acte de production agricole est assis. En le préservant, non seulement il « remplit le frigo qu'on a vidé pendant 40 ans », mais il considère répondre à un triple objectif : économique, écologique et sociétal. Economique parce que financièrement, l'agriculture telle qu'il la pratique aujourd'hui est moins gourmande en intrants, ce qui de fait a un impact sur l'environnement. Et de prendre pour exemple la réduction de sa consommation de gasoil, « réduite de 50 l par hectare, soit de quoi parcourir 1000 km. Pour une ferme de 100 ha, cela fait 100 000 km », avance-t-il.

 

Dans le même registre, il souligne qu'implanter une plante compagne avec ses colzas lui a permis de s'affranchir de tout traitement insecticide pendant 6 ans. Un argument qui devrait faire mouche auprès du grand public fervent défenseur du zéro phyto s'il voulait bien prendre le temps de s'intéresser à la question… « C'est pas responsable de retirer du marché des matières actives efficaces. Il est de loin préférable d'apprendre à les gérer, comme on le fait pour les médicaments quand on est malade », argumente Jacques Charlot. Ce qui lui fait dire que ce n'est pas la nature qui est malade mais l'homme.

 

Un apprentissage permanent

Et l'homme, pour travailler avec la nature, a besoin de faire preuve de beaucoup d'humilité, considère-t-il. « Ce sont les échecs qui m'ont permis d'avancer, glisse-t-il. La terre c'est quelque chose qu'on ne s'approprie pas, on a besoin de la comprendre. » Rien ne vaut sa propre expérimentation. De ses erreurs, on tire ses enseignements. « Suite à 2016, mes limons se sont repris en masse et mes vieux démons sont revenus », avoue-t-il. Et il a repris la charrue pour implanter des colzas, « après le 15 août, ce que je ne faisais plus avant. » Résultat, la culture a mal levé et les plantes compagnes n'ont pas poussé. « Je n'ai pas su avoir rendez-vous avec la météo. Aujourd'hui, c'est la date de levée qui me préoccupe. »

 

Il prépare le chantier pour partir au moment opportun. Bien souvent, « c'est son cerveau qu'il faut décompacter, remarque-t-il, cela incite à continuer à se former, à s'ouvrir pour avoir des capacités à s'adapter au changement ». Pour sa part, c'est auprès des réseaux Base et Apad, ainsi que dans le groupe « Sol vivant 37 », qu'il va chercher de quoi alimenter sa réflexion.

 

 

Le couvert, un allié

 « On sèmera les couverts quand il pleuvra. Ce qui nous intéresse, c’est la date de levée, pas celle de semis », assure Jacques Charlot. Fin juillet, dans ses parcelles récoltées en blé et destinées à recevoir du tournesol, l’agriculteur de Murs a juste passé un coup de herse Magnum dont les peignes fins ont permis de bien écarter la paille. Quand le moment sera venu, avec un semoir à dents à double caisson, il mettra à 2/3 cm de profondeur, un mélange composé de féverole (150 kg), moha (15 kg) et lin (10 kg), étape suivie d’un roulage pour favoriser le contact terre-graines.

 

Pourquoi ce mélange ? La féverole parce que c’est une légumineuse et qu’elle apporte de l’azote. L’exploitant apprécie de plus sa bonne capacité d’enracinement et l’action structurante de sa racine pivot ; deux qualités qu’il retrouve également chez le lin. Avec le moha, c’est davantage un pouvoir couvrant qu’il recherche. « L’idéal, serait d’avoir 7 à 8 variétés différentes, chacune allant puiser des éléments différents dans le sol », admet Jacques Charlot, engagé depuis une vingtaine d’années dans l’agriculture de régénération des sols. La levée, en année normale, se fait vers le 15/20 août. « Cela permet à la féverole de faire un cycle complet. Elles meurent naturellement ». Le moha et le lin sont détruits par le gel, ou à défaut par un passage de glyphosate en mars. « Quand le couvert est poussé un peu trop loin, cela pose un problème dans les sols hydromorphes, explique l’agriculteur.  De toute façon, la biomasse a été faite avant l’hiver. On libère le terrain de plante verte, mais il reste couvert par les résidus. On a un meilleur ressuyage et donc les sols se réchauffent tout seul. »  L’objectif étant de disposer de conditions de semis propice à un démarrage rapide des tournesols.

 

Avant un blé avec précédent colza, l’agriculteur laisse les repousses. « On passe un coup de herse Magnum pour répartir les pailles, faire un faux semis et éclaircir pour laisser 50 pieds au m². Cela permet un bon enracinement et de gérer les mulots. »

 

Rendez-vous le 19 septembre

Visite de plate-forme dédiée aux couverts

La chambre d’agriculture récidive avec un rendez-vous dédié aux couverts végétaux durant l’interculturel, le 19 septembre à Ecueillé.

 

Le jeudi 19 septembre, les agriculteurs en grandes cultures ou en polyculture-élevage, en système biologique ou conventionnel, les enseignants, étudiants, chercheurs, conseillers, élus sont conviés à une visite de terrain à partir de 13h30 à Ecueillé (route de Vicq/Nahon). Lors de cet évènement, il sera possible de découvrir les différentes espèces constituant les 10 couverts présentés ainsi que 3 profils racinaires. Pour aller plus loin sur l’intérêt de mettre en place des couverts, 4 ateliers seront proposés :

  • Fermes Dephy, choix et valorisation des couverts et alternatives au glyphosate
  • CIPAN et SIE,  le point sur la réglementation
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