LAINE : UN INDICATEUR DE L’ÉTAT DU TROUPEAU
Au cœur de l’événement Tech-Ovin, des conférences ont été dispensées tout au long des deux jours. L’association d’Atelier Laines d’Europe est intervenue auprès des éleveurs pour leur signifier l’importance d’observer la laine des moutons afin de connaître leur état de santé.
Au cœur de l’événement Tech-Ovin, des conférences ont été dispensées tout au long des deux jours. L’association d’Atelier Laines d’Europe est intervenue auprès des éleveurs pour leur signifier l’importance d’observer la laine des moutons afin de connaître leur état de santé.

Jean Rouanet de l’association Atelier Laines d’Europe a pris le micro au salon Tech-Ovin afin d’alerter les éleveurs. En effet, selon lui la laine est le miroir de l’état de santé du mouton. « Tous les défauts de la laine ont une explication et très souvent, cette explication est sanitaire », précise-t-il avant d’illustrer : « l’examen de la laine au moment de la tonte et du tri peut révéler des problèmes d’alimentation, des problèmes de santé ou de conduite du troupeau. La laine enregistre tout ce qu’il s’est passé sur l’année, c’est comme une carotte glaciaire où chaque couche est le témoin d’une période spécifique ».
La laine peut comporter plusieurs défauts. Quelle soit jaune, feutrée, cassante ou sèche, elle est le langage de la peau. En effet, c’est la peau qui produit la laine. Or la peau n’est pas qu’une enveloppe, elle est aussi un organe aux fonctions multiples et importantes qui ne fonctionne pas isolément. Elle fait partie d’un ensemble, d’un organisme dans lequel le trouble de fonctionnement d’un organe retentit immédiatement sur les autres. Ainsi, les troubles les plus variés des organes internes sont capables d’entrainer un trouble de fonctionnement de la peau : chute partielle ou complète de la toison, diminution momentanée de la pousse, point de moindre résistance…
INFLUENCE DE L’ALIMENTATION
Les problèmes d’alimentation sont les premières causes d’une dégradation de l’état de la laine. Les carences, les excédents, les déséquilibres ou l’irrégularité de la ration ont des conséquences sur la toison. « Par exemple, des carences en soufre entrainent des toisons de mauvaise qualité ; en cuivre, une laine d’aspect filasse ; en zinc, des pertes de laine ; en cobalt, une laine sale et feutrée ; et en iode, une laine clairsemée et une peau épaissie », détaille Jean Rouanet. Il ajoute que les problèmes d’alimentation sont de plus en plus présents, car « il est plus facile de faire un déséquilibre sur une bête à haut potentiel. Bêtes qui sont de plus en plus recherchées aujourd’hui ».
En dehors d’une simple carence alimentaire en tel ou tel oligo-élément dans la ration, le mouton peut aussi se trouver privé des oligo-éléments indispensables par des parasites internes, dont les besoins sont à peu près les mêmes que les siens. Les chutes de laine sont donc un symptôme commun à toutes les maladies parasitaires internes. Sans oublier que la peau, la laine et les sécrétions de la peau constituent un aliment excellent pour les parasites externes.
MALADIES INFECTIEUSES ET INTOXICATION
La vision globale du troupeau informe déjà en grande partie sur la qualité de la laine. Certaines maladies telles que la tremblante, peuvent entrainer, au moins à leur début, des lésions spécifiques de la toison. Le premier signe de la tremblante est la démangeaison, surtout violente dans la région du dos, s’accompagnant de lésions de grattage (laine feutrée, cassée). Une chute de laine peut n’être que la première manifestation, et la seule d’une maladie infectieuse chronique. Toute altération de la toison doit être considérée comme un signal d’alarme. Les maladies du troupeau peuvent rester longtemps inapparentes. Un déséquilibre latent n’apparaît parfois sous une forme explosive, d’allure contagieuse, qu’à la faveur d’une cause occasionnelle comme une infestation parasitaire ou la gestation. « Ces faits montrent toute la valeur d’avertissement qu’il faut attacher aux lésions, anomalies, mauvais état de la peau ou des toisons. Beaucoup d’éleveurs, de bergers jugent l’état d’une bête, d’un lot, par l’embonpoint, c’està-dire à la graisse de couverture. L’état de la peau et de la toison sont au moins aussi importants », conclut Jean Rouanet.