TECHNIQUES ALTERNATIVES
Respecter l’équilibre naturel
Le 17 juin dernier à Rivarennes, Jean-François et Régis Feignon ont partagé leur expérience de l’agriculture de conservation des sols, mise en pratiques depuis presque dix ans sur leur exploitation, avec une dizaine d’agriculteurs.
Le 17 juin dernier à Rivarennes, Jean-François et Régis Feignon ont partagé leur expérience de l’agriculture de conservation des sols, mise en pratiques depuis presque dix ans sur leur exploitation, avec une dizaine d’agriculteurs.
"Tout a commencé sur une parcelle de colza qui n’avait pas été travaillée de l’été et nous étions à 15 jours de semer le blé. Nous avons creusé un trou avec la pelleteuse et avons observé la structure du sol », expose Jean-François Feignon. C’était le point de départ d’une réflexion autour de la conservation du sol. C’est ainsi que les deux frères observent, s’informent, se forment, rencontrent et échangent avec des gens qui ont de l’expérience pour d’abord comprendre le système. Le réseau se crée. Même s’ils regrettent « le manque de recul pour bien faire », les exploitants se tournent vers cette méthode alternative à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques qu’ils mettent en pratique pour exploiter leurs terres avec
des potentiels qu’ils qualifient de moyens : plus de travail du sol, couverture permanente et allongement de la rotation. « Le premier gain est économique ». Ils réalisent des économies de charges opérationnelles et de structures : gain de l’ordre de 30 à 50 L/ha de carburant, moins de matériel et de frais de mécanique notamment.
UNE AGRICULTURE DURABLE
« Dans la nature, tout est équilibré. A nous de trouver les bonnes formules pour continuer de produire et respecter cet équilibre ». Dans leur système, les frères Feignon n’effectuent aucun travail du sol après récolte : ni travail superficiel, ni déchaumage. « Le labours pour les vers de terre, c’est comme un séisme pour nous. Après chaque passage, il faut reconstruire ». « On peut presque comparer ce système agricole de conservation des sols à celui du milieu forestier : les feuilles tombent, se décomposent en humus et forment la biomasse, restituée au sol ». Ils n’utilisent plus d’insecticides ni d’anti-limace. « Le milieu est équilibré grâce à nos pratiques moins stressantes pour les plantes et donc nécessite moins d’interventions ». Ils sèment notamment un mélange luzerne/lothier en couverture permanente sous les grandes cultures. La luzerne reste en place 4-5 ans. « Elle apporte de la verticalité à la structure du sol grâce à son enracinement et surtout capte l’azote contenu dans l’air qu’elle libère progressivement, limitant ainsi le stress à la culture. » Grâce à ce couvert permanent, les exploitants estiment réaliser une économie de 200 € pour produire 1 ha de blé. D’autres couverts comme le sarrasin, les féveroles ou le sorgho sont utilisés comme interculture pour favoriser l’équilibre microbiologique du sol. « Chaque plante a des avantages. En comprenant le cycle des végétaux, on apprend à mieux les utiliser, réaliser les meilleures associations pour atteindre notre objectif de protéger le milieu et assurer la production ». Pour JeanFrançois Feignon : « Les champs sont comme le bâtiment photovoltaïque : on capte l’énergie disponible pour la transformer en électricité ou en amidon ! »