Tir à l’arc, chasser au cœur de la traque
Natacha Roche est plongée dans la chasse depuis toujours. Cette amoureuse de la nature a récemment changé son fusil d’épaule et opté pour la chasse à l’arc. Rencontre avec cette archère luzerétoise qui a plus d’une passion dans son fourreau.
Natacha Roche est plongée dans la chasse depuis toujours. Cette amoureuse de la nature a récemment changé son fusil d’épaule et opté pour la chasse à l’arc. Rencontre avec cette archère luzerétoise qui a plus d’une passion dans son fourreau.
Bercée par les récits de chasse de ses parents, Natacha Roche passe son permis de chasse en 1996. Après des années de poste avec son arme à feu, elle finit par laisser tomber le fusil. « Je n’arrivais plus à tirer, quelque chose me bloquais », avoue-t-elle. Malgré tout, la chasseuse continue de suivre son conjoint, archer. Comme une traînée de poudre, la passion de monsieur se propage et devient aussi la sienne. Elle décide alors, l’an passé, de se former à l’arc.
S’ENTRAÎNER : LA CLEF DU SUCCÈS
Pour chasser à l’arc, le permis de chasse est évidemment obligatoire, mais l’attestation de formation, également. Le temps d’une journée, la fédération des chasseurs forme à la théorie, puis à la pratique. « On y apprend les rudiments de l’arme, l’approche de l’animal avec l’arme et surtout les points de sécurité », souligne Natacha Roche. Ensuite, les formés sont invités à appréhender le réglage de leur arme, avant de s’entraîner au tir. « L’entraînement, on le poursuit ensuite à la maison car on perd vite l’habitude visuelle mais également musculaire. Mon arc est léger et fait un peu plus de 2 kg. Porté à bout de bras sur le long terme, il finit par fatiguer les muscles de la nuque et des bras si les muscles ne sont pas entrainés régulièrement », prévient-elle.
IL ÉTAIT MOINS UNE…
La chasse à l’arc donne une tout autre vision de la pratique. « Ce n’est pas la même chasse. Pourtant, arme à feu et arc cohabitent très bien au sein d’une même partie », insiste l’archère. Natacha Roche se place au cœur de la traque. Postée, dans le calme des sous-bois, elle essaie de repérer le moindre indice révélant la présence d’un animal. Des pas, des branches qui craquent, les aboiements des chiens… elle attend, observe, écoute. « Je me souviens d’une fois où, postée toute seule, j’ai entendu un bruit sourd tout près. L’adrénaline est montée. Grâce aux talkies walkies, je savais que les chiens étaient partis sur un sanglier juste après être passés devant moi. Ils étaient déjà loin et personne n’était à proximité avec une arme à feu… alors j’ai préféré regagner la route pour être en sécurité. Seule avec mon arc et mes quelques flèches, j’aurais été impuissante face à une mère sanglier et ses sept petits », témoigne, non sans émotion, la chasseuse. En effet, posté au cœur de la traque, l’archer est en position délicate. Seul, il risque d’être chargé par un animal blessé ou se sentant menacé. « Le tir à l’arc ne permet pas de se défendre face à un animal qui vous charge », ajoute-t-elle. La notion de distance avec la cible est très importante. Au-delà de 20 mètres, la flèche n’atteint pas la cible en mouvement et un animal trop près n’est pas plus facile à atteindre. « Le temps de viser et de décrocher la flèche, l’animal est déjà sur vous. Depuis cette fameuse fois, je demande toujours à être postée à proximité d’un tireur à feu », avoue Natacha Roche.
TOUT EST AFFAIRE DE COMMUNICATION
L’archère est ravie de voir que, dans son équipe, il n’y a aucune distinction genrée : « On est toutes considérées comme des chasseuses à part entière ». Au niveau du matériel, mis à part une différence de poids selon les arcs, il n’y a pas de spécificités entre homme et femme. « Chacun prend ce qui lui convient. Les allonges peuvent être réglées pour adapter la résistance de la corde à chaque tireur ». « Dans le département, on est très peu à chasser à l’arc. Les clichés sont stables », estime Natacha Roche. « On est encore vu comme des blesseurs d’animaux. Alors que la grande majorité des archers ne tirent l’animal que s’ils sont sûrs de l’avoir. D’autres s’invectivent en disant que les archers font courir un grand risque aux chiens. Nos talkies nous permettent de prévenir le meneur de la meute, si une flèche est dans le gibier. Dès lors, le meneur rappelle ses chiens afin d’éviter les blessures », détaille-t-elle.
PASSION PHOTO
La chasseuse est également une passionnée de photo animalière. Souvent son cœur balance entre son appareil photo et son arc. Les deux étant encombrants, il faut faire un choix. « La chasse, c’est aussi de l’observation et je vois beaucoup d’animaux. Malheureusement, dans la traque, j’ai mon arc et pas mon appareil », concède-t-elle. La période de brame vient de commencer, elle marque pour Natacha Roche : « le début d’une période de folie, où chasse classique et chasse à courre vont reprendre et où je vais pouvoir faire des photos de cerfs magnifiques ».