Comment susciter l’engagement des jeunes dans le mutualisme ?
Pour beaucoup de jeunes, fini le temps où on s’engageait pour la vie et fini le temps long entre décision et action concrète. Revoir certains fonctionnements de nos organisations semble nécessaire pour faire renaître l’engagement de cette nouvelle génération.
Pour beaucoup de jeunes, fini le temps où on s’engageait pour la vie et fini le temps long entre décision et action concrète. Revoir certains fonctionnements de nos organisations semble nécessaire pour faire renaître l’engagement de cette nouvelle génération.
Lors de ses journées nationales les 19 et 20 octobre à Tours, la MSA a planché sur les moyens d’inciter les jeunes générations à s’investir au sein du mutualisme, et donc de la MSA. Membre du conseil économique social et environnemental (Cese) au titre de JA, Manon Pisani a été rapporteur de l’étude « Engagement et participation démocratique des jeunes » conduite en 2022. « Les jeunes ne sont pas désengagés, ni individualistes. Ils s’investissent différemment par rapport aux générations précédentes, considère-t-elle. Il faut remettre en question l’engagement tel qu’on l’imagine aujourd’hui. »
Le constat montre que les jeunes veulent bien adhérer, mais pas signer sur la durée. « Les Français de façon générale sont persuadés que leur action personnelle dans la vie quotidienne, est plus efficace que de donner mandat à un élu ou d’œuvrer dans un syndicat », note l’agricultrice. Pour Thierry Beaudet, le président du Cese, en effet « de plus en plus de jeunes se disent : à quoi bon aller voter, à quoi bon la démocratie ou s’investir dans le mutualisme, si on ne peut pas faire bouger grand-chose ? »
« LES CIRCUITS COURTS DE L’ENGAGEMENT »
Celui-ci considère qu’il faudrait trouver des intérêts communs aux jeunes et aux organisations, comme la question environnementale par exemple. Au-delà de ça, il propose d’imaginer les « circuits courts de l’engagement dans nos organisations. On ne peut plus demander à des jeunes de passer par tous les échelons locaux, départementaux, etc. pour arriver à la fin seulement à mener des projets concrets. Et les réunions, les conseils d’administration, ça ne les intéresse pas ! » Plusieurs intervenants ont d’ailleurs souligné que les jeunes ne s’investiraient pas fidèlement toute leur vie dans une cause. Il faudrait donc imaginer des possibilités d’engagements courts, mais dans différents domaines. Ce qui suppose de la souplesse, une remise en question permanente dans les structures, pour que les projets évoluent et continuent à fédérer. Arnaud Gaillot, président de JA national, avoue qu’il perd vite l’attention des jeunes lorsqu’il évoque des mandats à la chambre d’agriculture, à la MSA, dans les coopératives… « Or, on doit faire comprendre l’intérêt de s’engager. Les nouveaux agriculteurs, issus ou non du milieu, considèrent les coopératives, la MSA, etc. comme un acquis et ne connaissent pas le pourquoi de la création de ces organes. On a pourtant une responsabilité collective pour demain », souligne le représentant syndical. A l’envie très positive des jeunes de faire bouger les lignes, Pascal Viné, de Groupama, répond : « pour modifier la trajectoire de l’avion, il faut monter dans le cockpit, alors venez ! »